Le manoir colimaçon

Avril 2016




Avant-propos :

- Aucune information ne sera donnée sur la localisation du site.
- Je ne souhaite pas faire d’échange de lieux.
- Je ne suis pas photographe et ne suis pas équipé pour cela.

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Voilà un lieu qu'il m'a été particulièrement difficile de trouver. Cela fait en effet quelques temps que j'aperçois ce lieu sur différents sites sans jamais parvenir à la retrouver. Via les indices que je glane, j'ai exploré de nombreuses pistes, sans jamais parvenir à mettre la main dessus.

Puis une nuit, je me prends à rêver de ce lieu et le matin même, j'ai la conviction de l'avoir déjà vu de mes propres yeux, il y a de cela bien longtemps.

Prologue : En 2004, lorsque j'ai eu le permis de conduire, je me souviens être allé voir une connaissance qui habitait à une quarantaine de kilomètres de chez moi. À l'époque, pas de GPS, les seules indications venaient de Mappy et étaient écrites sous des formes parfois obscures "continuez 7km sur la route de la forêt, puis prenez à droite".

Pour faire simple, je me suis perdu sur une route de campagne et j'ai réalisé que j'avais fait demi-tour devant une bâtisse qui m'avait impressionné à l'époque. J'ai donc réussi par ce biais à identifier une petite zone de recherche via google maps. Mais pour être honnête, je n'ai pas non plus trouvé par ce biais. J'ai donc demandé à quelqu'un de confiance. Et au final, le manoir était bien dans mon carré de recherche google maps, signe que j'ai malgré tout bonne mémoire pour ce coup là, et il s'agissait effectivement du lieu devant lequel j'avais fait demi-tour.

Visite un samedi matin, pour changer. Ce manoir, dont on dispose finalement d'assez peu d'informations, a été construit sur les fondations d'un ancien château à partir de la fin du XIXe siècle. Le propriétaire est aujourd'hui un Iranien vivant entre les États-Unis et la France (mais pas dans ce manoir, forcément) qui laisse cette belle demeure dépérir. Il ne souhaite pas la vendre mais veut la garder en l'état. 

L'architecte qui l'a construit a été le maître d'un futur grand nom de l'art nouveau, internationalement reconnu dont certaines oeuvres sont exposées au Musée des Beaux-Arts de Lyon. Comme me l'a fait remarquer un contact, Jules, la femme de l'Iranien, lorsque l'on traduit son nom du Persan vers le Français, se nomme Madame Papillon ! Cela explique peut être certaines touches de décoration.

Ce manoir est totalement délirant. Dans un style victorien, il comprend 27 pièces, 3 salles de bains (sur le papier, mais j'ai l'impression qu'il y en a bien plus), 2 salles d'eau, un sauna, un observatoire et le tout, réparti sur trois étages. Il se trouve dans un petit parc, avec un château d'eau et une ferme (encore en activité).

Lors des différentes lectures des explorations, tout le monde s'est plaint du comportement du fermier qui dit que ce manoir lui appartient (...) et qui fait partir tout le monde violemment. J'avais donc élaboré plusieurs stratégies pour ne pas le croiser et au pire, le calmer, car je fais exceptionnellement cette visite seul.

- Me garer loin : Très difficile car la propriété est isolée en rase campagne et le bois fait partie de la demeure. Je me suis donc garé sur le côté route, dans un petit espace appartenant à la résidence qui devait servir de portail de sortie.

- Y aller tôt : Pour qu'il ne fasse pas paître ses moutons devant le château.

- En cas de contact : J'avais deux idées un peu bêtes auxquelles je pensais sans trop de sérieux. La première, lui faire croire que j'étais moi même Iranien (étant très brun) et la seconde lui parler gentiment en disant qu'il n'était pas le propriétaire (car son nom est facile à retrouver) et qu'il n'avait pas plus le droit que moi d'être là. Mais plus sérieusement, je lui aurait seulement dit la vérité : je viens faire des photos.

Et au final, je n'ai croisé personne.

Un peu d'escalade et me voilà face à ce magnifique manoir dans un parc de bonne taille avec un petit lac et de très beaux arbres.


Je me dépêche malgré tout pour rentrer, ne voulant pas être vu (et en évitant les déjections de moutons). Il est possible de rentrer par le côté du bâtiment et l'on peut constater, d'emblée, la richesse des mosaïques qui décorent l'extérieur de la bâtisse.



À l'intérieur, petite déception, l'état général est très dégradé. On arrive donc par une espèce de salon, toujours orné de mosaïques du plus bel effet.


Les qualités des photos ne rendent pas du tout hommage au lieu. Au sol, on remarque également ce travail d'ornement qui est de toute beauté.



En me dirigeant vers l'étage, je remarque encore une fois de magnifiques mosaïques sur la pièce que je viens de quitter.


Le couloir dessert des pièces modernes qui doivent dater des années 70, elles semblaient bien équipées et disposaient de salles de bain (avec toujours, de belles mosaïques).




On trouve aussi une très belle pièce, bien éclairée :


Quelques chambres avaient du papier peint très kitsch, qui contait les histoires de Cadet Rousselle.


Et le clou du spectacle, un magnifique escalier en colimaçon, totalement exceptionnel et très bien conservé, qui permet de lier les trois étages à la cave. Il est éclairé par un dôme de lumière naturelle.



Il est extrêmement difficile de se repérer dans ce château. C'est un vrai labyrinthe. Je trouve donc, sur un des étages, une pièce en briques rouges. D'après Internet, il s'agirait d'un sauna. Si c'est réellement cette pièce dont il s'agit, elle est juste immense ! Je reprends l'escalier en colimaçon pour me diriger vers le toit. Je traverse quelques pièces modernes et en réfection avortée, et me retrouve devant un très beau point d'observation.



Cela devait être génial l'été. Il y a également des mosaïques sur les rambardes qui donnent un côté moderne à la chose. Mais j'entends du bruit dehors, je préfère donc retourner à l'intérieur.


Je continu mon tour et observe avec attention les détails qui parsèment la résidence ça et là. N'arrivant pas à me repérer, je passe plusieurs fois devant les mêmes pièces en ruine et parfois bien garnies.

Je décide de filer. Mais je reviendrai d'ici quelques années, c'est certain. J'ai encore la cave à explorer et il faut également que je prenne plus de notes sur cette terrasse et les différentes pièces.

Un dernier regard avant de disparaître dans le parc :


C'est l'une des plus belles demeures que j'ai pu voir, malheureusement, l'intérieur n'est pas aussi bien conservé que l'extérieur (un grand merci aux pilleurs). Mais plus sincèrement, un grand merci à la personne qui m'a indiqué ce lieu d'exception.

 

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