Le manoir des conseillers
(Pas d'autres noms connus)

Avril 2016




Avant-propos :

- Aucune information ne sera donnée sur la localisation du site.
- Je ne souhaite pas faire d’échange de lieux.
- Je ne suis pas photographe et ne suis pas équipé pour cela.

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Après avoir visité le manoir colimaçon, je termine mon tour par ce manoir qui m'a également été conseillé par la même personne. Chose amusante, sur le chemin pour m'y rendre, à environ 10 kilomètres, je croise un "homme sauvage" qui sortait d'un petit sous bois. On aurait littéralement dit quelqu'un qui vivait dans la forêt. Grosse barbe, cheveux très longs où se mêlent des dreadlocks naturelles qui ressemblent à des racines, il regardait la route, la peau rougie par le froid, l'air un peu hébété et anachronique. Cela annonçait, sans que je le sache, le début d'une visite mystique.

Quasiment aucune information historique sur ce site perdu de chez perdu au milieu de la pampa. Pour la simple et bonne raison que c'est un manoir qui fait partie d'un domaine où il y avait une ancienne abbaye, aux environs de 1200. Il est donc toujours passé sous silence puisqu'il n'a pas la vedette, étant forcément bien plus récent.

Dans ce côté abandonné du domaine, on trouve donc un corps de ferme et ce manoir, probablement une maison de chasse.

Et ce point va être confirmé très rapidement. Je me gare sur un petit chemin de campagne et pénètre, seul, dans le bois. Au bout de quelques dizaines de mètres dans la boue et les broussailles, j'entends des grognements. Je me rapproche discrètement et je vois deux gros sangliers avec 4 marcassins. Ils sont énormes. On dirait des vaches, en fait. Et là, je me mets à avoir sérieusement peur car je sais qu'ils peuvent charger lorsqu'ils sentent que leurs petits sont en danger. Je n'ose sortir mon téléphone pour prendre une photo et je me retourne pour emprunter un autre chemin, c'est à ce moment là que je vois une grosse forme traverser les buissons à une centaine de mètre derrière. Au départ, je pense à une voiture. Seulement, il n'y a pas de route.

J'ai peur comme rarement, pour être honnête. Je tente de marcher très gentiment en direction du manoir en restant vigilant aux animaux. Les sangliers partent tranquillement en grognant. Je me sens rassuré, mais toujours très intrigué par la forme que j'ai pu voir derrière moi.

Et là, ultime frayeur, je vois deux cerfs. Majestueux au possible, en réelle vision divine, fiers et hauts comme des chevaux de compétition qui me toisent et me questionnent sur ma venue. Je panique à nouveau car je sais qu'ils peuvent charger et là je suis sûr d'être sévèrement amoché. Et au final non, les dieux sont cléments et ils partent en courant. Mais n'étant pas superstitieux, je prends malgré tout ceci comme un avertissement "ici tu es chez nous".


J'ai très très peur, d'autant plus que le manoir, perdu au beau milieu, a des relents glauquissimes. On dirait un manoir hanté (même si je ne crois pas à ce genre de choses).



Mon esprit s'emballe et je me dis que si le diable cherchait une planque, il irait probablement se cacher ici tant le lieu est pesant, énigmatique et angoissant.


Toutes les fenêtres accessibles sont fermées. Deux entrées possibles.

- La cave : Cela serait facile. L'entrée n'est pas grande mais je passe sans problème, n'étant pas encore un sanglier ou un cerf. Mais j'ai réellement très peur car je ne le sens pas.

- Un balcon, à mi étage : Compliqué car il faut escalader et que le bois du balcon a l'air de brûler d'envie de s'effriter.

J'opte pour le balcon en dépit de mes doutes. Le manoir étant en meulière, ce n'est pas trop dur à escalader et il y a également quelques prises de bois ça et là. Le balcon semble effectivement très fragile et tangue un peu mais supporte mon poids, le temps de me faufiler par la fenêtre qui est ouverte.

Je me retrouve alors dans un petit salon. L'ambiance est lourde. On dirait que tout a cramé. Il n'y a une cheminée qui me regarde avec un air malicieux, soutenu par des armoiries que je n'arrive pas à identifier et deux statues aux visages démolis qui rajoutent une couche à l'atmosphère dramatique.



J'en suis à un point où je ne suis pas rassuré pour un sou et ma lampe torche ne m'aide en rien car ce manoir est enveloppé d'un voile noir qui rend l'exploration très difficile et dangereuse lorsque l'on est seul. Je n'ai pas envie d'entendre Dominique Rizet parler de moi sur France 2. L'air est suffocant, ça puire ! Je n'ai pas encore l'étoffe d'un Simon Belmont dans Castlevania, c'est certain.


Les quelques filets de lumière qui traversent les volets clos et carbonisés me semblent comme autant d'yeux diaboliques qui me fixent. Je décide alors de partir. Ce sera pour une autre fois, et surtout pas seul.
Au passage, je photographie le sol. Comme ça.


Il est composé de svastikas dextrogyres. Très énigmatique en apparence. Mais ce n'est pas en lien avec une quelconque affinité nazi, mais cela est surprenant. On utilise des svastikas de la sorte dans les trois religions monothéistes (oui, même chez les Juifs, on en trouvait parfois avant guerre en Israël) et également chez les hindous et bouddhistes. On la retrouve même chez les basques ! Cela a été un symbole décoratif utilisé avant la seconde guerre mondiale.

Du coup, j'en profite pour passer un petit coup de gueule. On peut lire sur quelques sites internet, que ce manoir a été occupé par des nazis et qu'il était une Kommandantur. Il n'y a aucune preuve qui atteste de cela, aucune ! Et pourtant la seconde guerre mondiale est ultra bien documentée ! Les gens se basent uniquement sur ce sol. Rien de plus. Pourtant, ce motif n'est pas si rare et on le retrouve dans des halls d'immeubles Parisiens, brasseries et même à l'Opéra de Paris et qui datent d'avant la seconde guerre mondiale !

                      


           

                                   

Et pour finir, un sol que l'on trouve à L'Opéra de Paris :



Aucun lien avec les Nazis, convenez-en ! D'ailleurs, vous pensez vraiment que lorsque les Nazis prenaient un lieu ils faisaient des travaux pour refaire la déco ? De même, après la seconde guerre mondiale, lorsque le manoir a été repris, les nouveaux occupants auraient laissés les sols Nazis !? Ce n'est pas sérieux.

Je file, c'en est trop pour aujourd'hui.

À mon retour vers mon véhicule, je passe devant le corps de ferme qui est abandonné et en bon état !


Il est possible de rentrer par une fenêtre. Je ne le ferai pas car je me dis que j'ai bizarrement reçu plusieurs avertissements et qu'il ne faut pas pousser.

Je rentre chez moi. Pour info, quelques kilomètres plus loin, il y a une petite maison abandonnée, mais pas moyen d'y rentrer.



J'aime bien la niche du chien sur la première photo.

Sur l'autoroute du retour, je trace à un peu plus de 130 sur de grandes voies désertes, Black Metal à fond, lorsque je croise un flic, au pied d'un pont, habillé en tenue de chasseur, avec un chapeau à branches (!!!) qui tenait un radar pour flasher. Avec un peu de chance, mes 135 ne seront pas retenus...

 

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