Le manoir Palmtree Panic

Mars 2018



Avant-propos :

- Aucune information ne sera donnée sur la localisation du site.
- Je ne souhaite pas faire d’échange de lieux.
- Ceci n'est pas un site de photographies mais de visites de lieux abandonnés.

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C'est assez rare qu'une visite m'intéresse autant. Mieux, j'ai eu un véritable coup de foudre pour ce lieu totalement ravagé à l'histoire que personne ne semble connaître.

Planton le décor. En cette journée de mars, Josh de Riviera Urbex et moi-même avons prévu de tester toute une série de lieux que nous avons repéré au préalable. 9 au programme. C'est énorme et nous avons sciemment prévu beaucoup de lieux car il allait être évident que la plupart seront solidement fermés ou surveillés. Cela n'a pas manqué.

Nous avons fait chou blanc sur les 7 premières tentatives, entre du muré, du surveillé et du pas si abandonné. Il est midi, nous décidons de prendre une petite pause repas bien méritée et pour nous réconforter et noyer notre chagrin, nous achetons deux bières de qualité totalement médiocre : de la Skøll. En écrivant ce compte rendu j'apprends que ça veut dire "répulsion". Sans aller jusque là, elles ont au moins eu le mérite d'être rafraîchissantes.

Et peut-être de nous avoir fait quelques nœuds au cerveau : en effet, nous décidons d'acheter une barquette de Sushis congelés en nous disant que comme ça se mange froid, ce n'est pas si grave, il suffira d'attendre quelques dizaines de minutes pour pouvoir les savourer.
Mais en fait non, ce ne fut pas si simple de goûter à ces spécialités nippones.

Dans un élan de lucidité, je réalise qu'il est finalement possible de faire décongeler cette précieuse nourriture en mettant le carton sur le radiateur de la voiture. Nous le faisons tourner à plein régime. Nous roulons fenêtres ouvertes car ça devient vite intenable et qu'en plus, il fait déjà très chaud à l'extérieur. Je vous passe les détails mais on est finalement assez proche de ce que l'on voit dans d'obscures images marrantes souvent prises en Russie ou dans de tiers Pays de l'Est. Ce n'est pourtant pas vers un asile psychiatrique que nous roulons mais bel et bien une villa inconnue à l'histoire aussi secrète que nos projets alimentaires.

Elle est totalement inconnue au bataillon. J'ai contacté la mairie, personne ne sait depuis quand elle est là et qui est l'architecte. J'ai également posté une photo sur un forum consacré à la ville, personne n'en sait plus, si ce n'est "AH OUI C UNE MAISON HANTER IL PARAIT".

Je tiens à remercier l'admin de ce forum qui m'a gentiment autorisé à contacter ses membres, de même que l'administrateur du site lartnouveau.com qui m'a très cordialement répondu en me disant qu'il s'agissait d'une construction d'inspiration art nouveau dont la particularité régionale est d'avoir toute une série de balcons. Même si il connaissait ce lieu pour des raisons personnelles, il n'avait pas plus d'info que cela.

De mon côté, je me suis quand même un peu renseigné outre mesure et j'ai réussi à glaner un chouilla plus d'éléments sur cette villa ou peut-être, sur ce manoir.
Elle date du début du siècle et a été construite, et je l'ai appris grâce à une plaque trouvée sur place, par une entreprise spécialisée dans le béton armé situé dans la grande ville à proximité. Cette entreprise à pu faire bâtir plusieurs structures, monuments et logements dans des styles architecturaux divers mais sortant toujours des sentiers battus (certains monuments sont même aujourd'hui classés). L'architecte s'est inspiré des travaux de Guimard au niveau des ouvertures et de certaines parties de la bâtisse. On trouve par exemple quelques similitudes avec le Castel d'Orgeval dans les matériaux utilisés, les fenêtres, le bois et les soutiens aux terrasses. Une petite touche coloniale a été apportée.

Même si elle n'est pas la seule villa d'inspiration art nouveau dans la région, elle est par contre unique du fait de cette pierre blanche utilisée à être dans ce style, au moins au niveau local.

Elle est visiblement abandonnée depuis le milieu des années 1970 date à laquelle une autoroute a été construite sous son nez, condamnant ainsi son accès principal.
Grâce à un contact notaire, j'ai pu avoir le nom du propriétaire actuel, mais avec sa date de naissance, je pense que celui-ci est très probablement décédé. Il est impossible de trouver une trace quelconque sur internet, l'homme ayant un prénom lambda et un nom de famille qui est aussi un prénom lambda du genre "Pierre ANDRÉ". Mieux, il existe une personne qui s'appelle exactement comme lui, mais qui est bien plus jeune et fait dans l'écriture d'ouvrages scientifiques. Il phagocyte ainsi la plupart des résultats internet avec cette occurrence.
Par ailleurs, le lieu n’apparaît sur aucune cartes postales anciennes de la ville et de ce lieu-dit.

J'ai tenté de chercher dans les archives municipales en ligne mais je ne trouve rien et puis c'est le bazar avec les cadastres qui ont changé de formule au début du siècle. Il faudrait que je me rende sur place pour avoir accès à l'intégralité des documents, sans doute que j'en apprendrai un peu plus.

Le lieu est aujourd'hui en gestion par une branche des finances publiques mais il n'est ni en vente, ni aux enchères, ni même en instance de destruction. Il est donc coincé dans une faille spatio-temporo-juridique !

L'accès à ce qu'il reste de ce pauvre domaine n'est pas très compliqué mais c'est absolument pas rassurant de passer juste à côté d'une voie autoroutière !

La façade, bien que très ravagée par 50 années d'abandon reste magnifique. Le lieu a par contre été envahi par les palmiers. Il y en a partout et ils sont très imposants. Ils bloquent ainsi la marche et empêchent de faire des photos de face obligeant ainsi à prendre des clichés uniquement sur les côtés.



Je tente un premier passage, en étant un peu courbé, au niveau de l'entre sol. Tout est barricadé mais il est agréable de voir une petite touche art nouveau sur le dessous de la terrasse. En regardant à travers une plaque anti squat, je peux constater que ce niveau là était très vaste et était bien plus qu'une cave. Il s'agissait très probablement d'un appartement indépendant du reste des étages car rien ne permet de les relier entre eux. À côté d'une fenêtre subsiste une vieille cuve à fioul. Super pour les odeurs. Peut être le niveau réservé aux domestiques.



Pour accéder au vrai rez-de-chaussée, il y a un petit escalier entièrement recouvert de branches de palmiers et de bois divers.



En me frayant un passage, j'arrive sur la première terrasse. Et je trouve le lieu super chouette. En fait, je crois que depuis Sonic sur Game Gear et ses homologues sur Megadrive et Mega CD, j'adore les palmiers (oui, je vous l'accorde, cette phrase est bizarre). Et là, je suis servi. Cela fait une ambiance géniale, avec cette fenêtre ovale dans le plus pur style art nouveau, le lieu devait être top à l'époque où il n'y avait pas l'autoroute. Sur le côté pendouille un reste de ferronnerie à motif végétal. Je ne le prendrais pas en photo car il offre une belle vue sur le balcon d'une maison voisine et ses habitants sont dehors à profiter du soleil (cela aurait paru un peu bizarre, convenez-en).



Je rentre à l'intérieur et arrive dans l'ancien salon. Le lieu est un peu dégradé mais pas tant qu'il devrait l'être après autant de décennies d'abandon. Je tombe sous le charme de ce salon même si il ne reste absolument plus rien mais force est de constater qu'il a tout pour me plaire.





Le couloir du rez-de-chaussée est en mauvais état mais reste très agréable à l’œil. Là encore, on trouve beaucoup de branches de palmiers mais les panneaux anti squat associés avec les feuilles vertes à l'extérieur donnent l'impression que la lumière traverse un vitrail dans des teintes allant du bleu, au vert, en passant par le jaune.



Du reste, les autres pièces, une cuisine et des toilettes, sont vides. Tout a été récupéré et il ne reste rien. Je monte à l'étage qui est dans la même veine que plus bas. Le lieu a visiblement été squatté un temps mais les ouvertures sont toujours aussi classes.



Deuxième terrasse, avec une vue toujours aussi chouette malgré le vacarme plus qu'assourdissant de l'autoroute juste en bas. C'est intenable. En l'absence de mur antibruit, sans double vitrage de combat et un travail d'isolation phonique, il est impossible de vivre ici dorénavant. Quel dommage.



Il y a un étage supplémentaire qui amène sur une toute petite terrasse avec une petite tourelle sur laquelle il est aussi possible de monter mais l'escalier étant sur le point de s'écrouler, je ne prends même pas la peine de m'installer en haut, un simple regard suffit.
Au sol du couloir, je remarque un très beau motif assez travaillé. Je me suis amusé à le reproduire sans trop de raison si ce n'est par auto satisfaction.



Je sors.



Je teste par la suite la partie arrière de la maison qui possède une porte, bien protégée, qui amenait vers le niveau le plus inférieur. Il y a aussi un petit coin barbecue présent juste derrière.



Bordel de merde. Ces fenêtres de folie !


Sur le côté, un ancien garage, difficilement accessible. Pas grand chose à voir. L'étage est protégé et la partie où l'on garait la voiture est plutôt bien dégradée.


Tous ces éléments me captivent et c'est rare qu'un lieu me fasse de l'effet comme cela. Promis juré, un jour j'en apprendrai plus.

J'ai pris un petit temps pour dessiner vite fait la façade histoire de me représenter ce qu'elle était avant son abandon et sa détérioration :

Maintenant, il faut s'imaginer cela dans un grand parc, entouré de palmiers avec une vue sur mer d'un côté, et des montagnes enneigées de l'autre ! Ce devait être réellement sublime et je me dis que parfois, certains panoramas peuvent changer une personne.

Trêve de romantisme et revenons à la réalité avec cette petite rétrospective aérienne de cette villa à travers les ages.
En 1967 et 1970, la vie est belle. Le coin est très végétalisé et le domaine plutôt grand. Par contre, ça se gâte dès 1973 avec la réalisation du tracé de l'autoroute qui lui tombe sous le nez. Dès la fin des années 70, c'en est terminé de cette villa.


Comme dit plus haut, à ma grande surprise, aucune carte postale de ne semble exister. J'ai uniquement pu la déceler sur une vieille vue d'ensemble, mais rien de plus.


Cette page sera mise à jour prochainement car je le sais, je retournerai là bas. La base après un coup de foudre !

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