Le château verdure
(Le château de l'écolière)

Avril 2016



Avant-propos :

- Aucune information ne sera donnée sur la localisation du site.
- Je ne souhaite pas faire d’échange de lieux.
- Je ne suis pas photographe et ne suis pas équipé pour cela.

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D’après les informations que l’on peut trouver sur Internet, la construction de cette demeure bourgeoise remonte à la fin du XIXème siècle. Daté de 1863, cet édifice a connu plusieurs vocations, de la résidence d’été à une association de soutien scolaire (vraisemblablement) pour être aujourd’hui référencé en tant que société civile immobilière.

En scrutant plusieurs sites d’Urbex, ce lieu ne m’a jamais laissé indifférent. J’ai toujours eu le sentiment de l’avoir déjà croisé. Après plusieurs jours consacrés à sa recherche sur Internet (en ayant écumé les villes alentours via google maps) je tombe enfin sur lui, totalement par hasard en effectuant une recherche qui n’a strictement rien à voir avec l’exploration.

J’étais passé plusieurs fois, il y environ 5 années de cela, devant cette belle villa en cherchant une location (plus modeste, cela va de soi) dans les villes à proximité.

L’adresse en poche, je fais quelques recherches au préalable et constate que le lieu est très surveillé et pas forcément facile d’accès. Il est situé dans une zone pavillonnaire haut-de-gamme labellisée « voisins vigilants », il jouxte une petite rue à double sens, est entouré par un mur d’1m80 et possède une place de parking en face de sa grille d’entrée, non loin d’un petit arrêt de bus. Persévérant dans les recherches, je trouve dans un vieux bulletin d’association que les riverains de la zone pavillonnaire se plaignent de l’intrusion énigmatique de jeunes dans la résidence et invitent toutes personnes à contacter la police si une voiture est garée en face. Je ne peux que comprendre la logique sécuritaire du voisinage qui en a marre des nuisances sonores et de l’intrusion de « jeunes » dont ils ignorent les intentions.

Qu’à cela ne tienne, je décide, pour plus de sécurité, de garer ma voiture au levé du jour, à 500m et de traverser à pied par le petit bois encore préservé de l’urbanisation. Après quelques tentatives, je parviens à passer de l’autre côté du mur et me retrouve face à cet édifice à la grandeur passée.

L’herbe a été tondue récemment. Le domaine n’est donc pas à l’abandon. Je n’aime pas ça. Mais je continue !

Rapide tour par le jardin (rapide, car j’ai peur que les voisins aient des chiens) qui permet d’avoir un bel aperçu de la propriété qui comprend des garages, un local à outils, un petit plan d’eau et une verrière.


La belle lanterne, qui a donné son nom au manoir au regard de certains explorateurs accueille toujours le visiteur.

Passons maintenant à l’intérieur qui est la raison de ma venue. En effet, l’idée de voir ce piano et ces vitraux m’a obsédé pendant plusieurs jours.

Je fais le tour du bâtiment et rentre par ce qui était la cuisine. Le tout est dans un relativement bon état. Elle est encore entièrement équipée.

Petit passage exigu qui permet d'arriver vers ce qui a été très probablement un salon. Le tout est en excessivement mauvais état, et je constate avec stupeur que des pouacres ont tagués cette belle maison bourgeoise. Forcément, c'était trop beau de rester autant d'années sans l'intervention de vandales. Quelques objets sont encore présents ça et là.



J'arrive ensuite vers une salle qui a visiblement été utilisée comme débarras lors d'un éventuel déménagement. On y trouve un peu de tout, quelques vieux meubles, des PC ou de la paperasse diverse. Peu importe cela, je suis venu pour voir le piano. Et quelle déception de voir que lui aussi a été tagué, qu'il a été déplacé, ouvert et affublé d'une chaise qui n'a rien à faire ici !

L'escalier qui croule sous mes pas permet de prendre un peu de hauteur sur le tout et de contempler ce bel instrument et les magnifiques vitraux qui éclairent l'entrée à la lueur matinale.

 

La vue du palier est vraiment de toute beauté et je me prends à m’imprégner de la magie du lieu avec la complicité de pigeons qui semblent prendre du bon temps également. Ils sont matinaux.

Les étages n'ont plus de sols. Je ne m'aventure pas plus loin, je prends juste la peine de regarder autour de moi.

Après cet interlude, je pars quelques secondes dans le sous-sol. Étant seul, ce n'est pas le lieu que je préfère. Je reste donc un minimum de temps mais qui me permet de constater qu'il est toujours plein, qu'on y trouve un flipper et un bar, visiblement. L'escalier de service ne me rassure pas tant son état est précaire, je ne m'en servirai pas pour aller gravir les étages.

Je pars à la recherche du billard et ce que je découvre me confirme bien que le lieu est entretenu a minima. Il est en effet recouvert d'une plaque de bois pour le protéger des déjections.

Après un rapide détour par les toilettes qui me permettent d'admirer une tapisserie représentant des bambous, je me dis qu'il est l'heure de partir. En effet, il est bientôt 8h00, les voisins vont ouvrir leurs fenêtres, probablement promener leurs chiens et je n'ai pas envie d'être aperçu par des quidams et encore moins les propriétaires du lieu.

Je pars par la cuisine, prends le temps de contourner la belle bâtisse une dernière fois et file comme je suis venu en me disant qu'il ne passera sans doute pas l'année dans cet état (soit rasé, soit totalement réhabilité même si le travail me semble impossible à réaliser compte tenu de l'ampleur des dégâts).

Je jette un dernier regard et escalade ce mur avec ce sentiment de gâchis que je ressens quasiment à chaque exploration.


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